Au centre de la représentation, une stèle funéraire, haute plaque surmontée d’un anthémion (ornement constitué de volumineuses feuilles d’acanthe), juchée sur une base à degrés. Sous le rampant du couronnement, décor d’oves. A droite, au pied de la stèle, se tient une jeune femme assise les jambes croisées. Son vêtement, peint, a disparu -les pigments utilisés, dotés d’une consistance poudreuse étaient en effet très fragiles-. De ses deux mains, bras pliés, la jeune femme fait le geste de soulever un pan de son manteau ou de saisir les pans du bandeau qui ceignait sa chevelure. A gauche, un jeune homme debout, vêtu de l’himation, s’avance en direction de la stèle. Il soutient de la main gauche une vaste corbeille, autrefois débordant d’offrandes. De l’autre main, il élève une bandelette rituelle (taenia). A ses débuts, la technique à fond blanc –consistant en un engobe de kaolin purifié à l’extrême- était employée sur des formes très variées de vases (coupes, cratères…) mais à partir de 470-460 av. J.-C., le lécythe devient le principal support de ce type de décor d’une extrême délicatesse. La scène illustrée ici -la visite à la tombe- fait partie d’une série bien documentée en Attique à partir de 470-460 av. J.-C. qui décrit avec finesse des épisodes du culte des morts ou certains récits mythiques relatifs aux croyances funéraires. En effet, c’est à l’emplacement de la tombe, matérialisée sur ces vases par une stèle de pierre que se réunit à dates régulières la famille du défunt, le 3e, le 9e jour après les funérailles, voire le 30e jour et ensuite au moins une fois par an. En ces occasions, la plaque de marbre est enduite avec parcimonie -le réservoir minuscule de ces vases l’atteste- d’huile parfumée, décorée de bandelettes, de guirlandes de fleur, accessoires du culte contenus dans le kanoun (corbeille de vannerie). Dans les conceptions grecques anciennes, le défunt continue à errer autour de sa tombe. L’eidôlon, le double fantomatique du mort, est souvent figuré sur les lécythes à fond blanc, sous l’aspect d’une minuscule silhouette ailée, voletant dans les airs, autour de la stèle.
Date de création : Vers 420 av. J.-C., Peintre des Roseaux ou Peintre de l’Oiseau.
N° inventaire
2000.4
© Avignon Musée Calvet