Le Peintre de Baltimore, disciple du Peintre de Darius et du Peintre des Enfers, apparaît comme un des peintres apuliens les plus représentatifs de l’Apulien récent. Sa production fut particulièrement abondante. Durant le dernier tiers du IVe siècle av. J.-C., il dirigea un grand atelier à Canosa. La barrel-amphora, variante de l’amphore loutrophore, sert non seulement à puiser l’eau destinée au bain des futurs mariés mais à la toilette rituelle du cadavre. En Apulie, son emploi est strictement réservé à la tombe. La plupart des loutrophores ne comportent pas, d’ailleurs, de fonds ou présentent, comme ici, un orifice destiné à accomplir des libations en l’honneur du défunt et des divinités infernales. Au demeurant, l’eau, pour les Grecs, n’a pas seulement vertu fécondante mais purificatrice. Sur la face principale, surgit à l’intérieur du naiskos -deux colonnes à chapiteau ionique soutenant un fronton à tympan lisse- une jeune femme debout, parée d’une tunique courte, d’une sorte de collant et d’un manteau relevé en voile en arrière de la chevelure ceinte d’un bandeau. Somptueusement parée d’un collier à médaillon, de bracelets, la disparue s’appuie du coude contre la paroi du naiskos. Derrière elle, un tabouret (diphros) couvert d’un épais coussin. A droite, une jeune fille, sans doute une figure ancillaire, vêtue d’une tunique longue à manches courtes et d’un manteau jeté sur l’épaule, lui présente une ombrelle. De part et d’autre de la scène principale, des femmes debout et assises élèvent des objets féminins : coffrets, balle, éventails de plume ou en forme de feuille, miroir à manches, oenochoè…, panier, situles… Sous le naiskos, sont alignés d’autres accessoires féminins : coffret, panier à anses, hautes corbeilles de vannerie. Sur l’épaule du vase, un visage féminin jaillit au milieu d’une efflorescence de fleurs. Sur le revers, naiskos à l’intérieur duquel se tient une femme assise, élevant une boîte d’une main et de l’autre une couronne. De part et d’autre, porteuses d’offrandes variées : canthare (vase à boire, inséparable du culte dionysiaque), phiale (coupe à libations), couronne de fleur. Sur l’épaule du vase, une tête féminine, ailée, Nikè (Victoire), surgit, au milieu de rinceaux et de fleurs. La scène dans son ensemble ne fait pas obligatoirement référence à la mort avant le mariage même si la jeune femme est parée comme une mariée. Plus largement, la représentation pourrait faire allusion au destin bienheureux de la morte dans l’au-delà, la mort étant conçue comme le mariage avec Hadès. Telle une nouvelle Perséphone, la déesse qui règne aux côtés de son époux Pluton sur le royaume des Ombres, la défunte a triomphé de la mort. C’est à ce titre que Nikè, la Victoire, figure sur la face où la disparue trône à l’intérieur du naiskos.
Date de création : Apulien récent, Peintre de Baltimore, vers 330-310 av. J.-C.
N° inventaire
23504
© Avignon Musée Calvet